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Photo du rédacteurPierre Nino

P. et les drôles de messieurs

Dernière mise à jour : 26 avr. 2019

Un à un nous arrivons devant la porte au fond d’une cour. Le point de rendez-vous a été donné dans cette ville de la banlieue est de Paris. Le bâtiment a un côté loft. Il y a quelques entreprises, un garage. Dans une pièce assez grande à la lumière tamisée les premiers arrivés s’installent sur des canapés. Nous avons tous envoyé un sms pour nous inscrire à cette soirée. Car aujourd’hui, nous participons à un bukkake. Quésaco ? C’est un terme japonais pour une pratique sexuelle dans laquelle plusieurs hommes, souvent plus de trois, se font sucer et branler par une femme puis jouissent sur elle. Il n’y a pas de rapports sexuels entre les participants. Cela peut s’apparenter à de la soumission/domination… 


L’homme derrière la comptoir organise tous les jours ces événements à la demande de femmes et de couples voulant briser un peu la routine du quotidien. Ce soir, il reçoit P. Elle vient de Lyon pour le boulot et a décidé d’offrir son corps. L’expérience m’intriguais. J’ai franchi le pas.


Le rendez-vous avait été fixé à 19 heures. Mais ce soir P. est en retard, coincée sous le périph. Dans le salon, les neuf hommes dont je fais partie sont présents et s’observent en douce. Il y a ce jeune, les cheveux gominés, qui a l’air de bien connaître le patron. Il y a ce quadra, mince, en costard, collé à son portable comme s’il était en train d’annoncer à sa femme qu’il est retenu par une réunion urgente. Il y a cet asiatique au look d’étudiant qui lui aussi connaît bien le maître des lieux. Il y a aussi ce petit moustachu, bedonnant, la cinquantaine et le regard pervers. Le genre de type qu’on trouve louche s’il traine à proximité d’une école. 


Entre deux silences lourds, le boss donne quelques consignes. Il rappelle que c’est un bukkake et qu’il n’y aura pas de pénétration. Puis, il demande à chacun de faire un brin de toilette intime pour éviter que madame renvoie ceux qui sentiraient trop le poisson. Enfin, “au moment de jouir visez bien” livre-t-il. “C’est souvent dur de sniper, mais évitez les yeux, ça pique.” Un passage aux urgences ferait tâche.


P. arrive enfin. Le groupe doit l’attendre au sous-sol. Chacun se lave les parties intimes à l’aide de lingettes normalement utilisées pour le cul des bébés. Au bout de cinq minutes, elle est là, les yeux bandés, guidée par son homme. Elle a la cinquantaine. P. se retrouve très rapidement à genoux avec un sexe dans chaque main et un dans la bouche. Il y en a de toutes les tailles. Des très gros et des minuscules qui, sans doute impressionnés par la dame, peinent à s’allonger. A dire vrai, la situation n’a, de prime abord, rien de très excitant. Vient mon tour. P. se débrouille plutôt bien. Son oral est réussi. Au milieu de la mêlée, elle jongle d’un sexe à l’autre. Finalement l’excitation monte après le flottement des premières minutes. P. est maintenant allongée sur le lit XXXL. Son homme participe. Il est le premier à jouir dans la bouche de la dame. Elle demande une pénétration. Puis une autre. Le bukkake se mue alors en gangbang. “Il est temps de jouir” lance P… Un cercle se forme autour d’elle. Et sexe en main chacun s’active. Elle passe d’un gland écarlate à l’autre offrant des caresses ou des coups de langue. Le cadre en costard qui a gardé sa chemise sa cravate et ses chaussettes explose sur les seins de P. Il a l’air pressé. Sa femme doit l’attendre. Je suis le deuxième. Les autres tardent. Je me rhabille, bois un verre de punch. Le jeune gominé en a lui aussi terminé. On quitte ensemble le loft pendant que les peineàjouir finissent. “C’était pas mal” débriefe-t-il. Puis sans grande considération pour P. lâche : “Mais y en a eu de plus belles…” J’apprends finalement qu’il a sa carte d’accès illimité à ces soirées… Un peu comme à l’UGC.

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